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Dans le rétroviseur/ En juin 2012 La Confédération paysanne entendait déjà devenir le premier syndicat agricole

Un mois après son entretien avec Stéphane Le Foll au ministère de l’Agriculture, la Confédération paysanne a posé les bases, tant sur la forme que le fond, de sa campagne pour les élections des Chambres d’agriculture de janvier 2013. Grâce à un rebattage des cartes du scrutin, la CP veut bouleverser le paysage syndical.

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Six mois avant le début du vote pour les élections Chambres d'agriculture 2013, la Confédération paysanne affiche de grandes ambitions. « Nous avons la possibilité de devenir le premier syndicat agricole, résume son porte-parole Philippe Collin lors d’une conférence de presse jeudi 21 juin 2012. Le changement, c’est maintenant, ou du moins bientôt », ironise-t-il.

Pour y parvenir, la CP compte d’abord sur le ministre de l’Agriculture. Il espère de sa part la révision du mode de scrutin pour les élections départementales. En 2007, la liste arrivée en tête bénéficiait automatiquement de 11 sièges sur 21, le reste étant partagé à la proportionnelle. « C’est une prime au vainqueur complètement démesurée », souligne le leader de la CP. Le syndicat réclame ainsi un scrutin à la proportionnelle.

Droit de vote pour les cotisants solidaires

Deuxième modification attendue par le syndicat : celle de la composition du corps électoral. La CP demande l’ouverture du vote aux 65.000 cotisants solidaires. « Ceux-ci cotisent à l’Atexa, bénéficient à la formation continue comme tous les autres agriculteurs, et surtout, contribuent à faire vivre nos territoires. Et pourtant, ils n’ont pas le droit de vote. »

Sur ces deux revendications, la CP sera fixée au plus tard début juillet 2012, de tels changements devant être légiférés au moins six mois avant le début du scrutin.

Toujours sur la forme, la Confédération paysanne attend aussi que les voix des deux syndicats Fnsea et JA, qui feront listes communes dans les départements, soient bien séparées. « S’ils se revendiquent être deux syndicats différents, ils doivent récolter la moitié des voix chacun. » D’où le calcul simple des forces syndicales en présence : « La Fnsea et JA tournent autour de 27,5 %, la Confédération paysanne et la Coordination rurale font eux aussi plus de 20 %. »

« La faillite de Doux et la ferme de 1.000 vaches illustrent un modèle qu’on ne veut pas »

Sur le fond, le syndicat dresse un bilan très critique de l’action de Bruno Le Maire lorsqu’il était aux commandes du ministère de l’Agriculture. « En matière de contractualisation laitière, notre ancien ministre est le premier responsable de la situation dans laquelle les éleveurs se retrouvent. » Philippe Collin évoque également le changement des règles pour respecter la directive nitrates, « des règles qui pénalisent les exploitations à l’herbe dans un dossier traité avec précipitation par Bruno Le Maire ».

La CP, porte parole de JA sur l‘installation?

En publiant ses livres noirs et blanc, le réquisitoire auquel s’est livrée la Confédération paysanne sur la politique d’installation de Jeunes Agriculteurs n’a pas impressionné les président et vice-président, François Thabuis et Joël Clergue du syndicat. Au contraire. Quinze jours après leur congrès électif à Pontarlier, où les livres de la CP ont été âprement commentés, c’est avec ironie que les deux leaders ont tenu «à remercier vivement (la CP) pour avoir mis en avant la politique que JA mène depuis de longues années sur l’installation », dans un courrier rendu public.
Sur deux pages, François Thabuis et Joël Clergue passent en revu les propos défendus dans les livres de la CP qui dressaient un bilan de la politique d’installation en France. Et ils notent que certaines propositions du livre blanc de la CP figurent depuis deux ans dans les rapports d’orientation de JA depuis trois ans.
« Vous citez en effet cette politique dans votre '' livre noir 1 et 2" et également dans votre ‘’livre blanc’’, où figurent un très grand nombre des propositions issues de nos rapports d’orientation de 2010, 2011 et 2012 ».
Et pour être entendus, « JA tient à souligner que des représentants de la Confédération Paysanne sont invités à participer aux réunions liées à l’installation » auxquelles ses représentants ne se rendent pas selon le syndicat.

Abrogation de la loi sur les certificats d’obtention végétale, interdiction du Cruiser, redistribution d’envergure des aides Pac en faveur de l’élevage, des zones défavorisées et des actifs : les dossiers que la Confédération paysanne portera pendant la campagne électorale seront nombreux.

Le syndicat entend surtout se servir de l’actualité pour défendre ses idées. « La faillite du groupe Doux, qui est l’un des principaux bénéficiaires des aides Pac en France, doit interroger tous les agriculteurs sur notre modèle agricole. Cette faillite incarne un modèle fragile, coûteux, dépendant de l’univers international, et finalement destructeur d’emploi », insiste Philippe Collin.

« Avec des projets de 1.000 vaches, il ne restera que 2.500 exploitations laitières »

Autre exemple avancé : celui du projet de ferme de 1.000 vaches dans la Somme. « C’est un modèle aux antipodes de notre culture agricole française, réagit Gérard Durand, responsable élevage du syndicat. Si la France défend ce modèle, il n’y aura plus que 2.500 exploitations laitières dans l’Hexagone au lieu de 70.000. »

Et Philippe Collin de conclure : « Cela fait plus de 20 ans que nous faisons des propositions pour un modèle agricole alternatif. Ces propositions n’auraient pas emmené les paysans dans la situation où ils sont actuellement. »

 

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